Kleio, la Muse qui muse, musarde, s'amuse...

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Je suis une muse délirante et "délireuse", passionnée d'écritures et de lectures. J'aime la vie, la lumière et le bonheur !

21 avril 2011

Bonne fête Rome !!!!



Le 21 Avril, on fêtait Palès, divinité protectrice des troupeaux.
Ce jour-là, grande fête, on décorait les bergeries puis on les purifiait avec de la fumée de souffre, ce qui faisait bêler les bêtes… et portait chance ?..
Bêtes et bergers sautaient au-dessus de tas de pailles enflammées, attisées avec du souffre. On offrait à la déesse des gâteaux de millet, du lait et on buvait du vin cuit.
On psalmodiait quatre fois de suite une longue prière en se tournant vers l’Est
Ovide prétend avoir souvent participé à cette fête champêtre :
« Oui j’ai souvent porté à pleines mains la cendre de veau et la tige creuse de fèves, substance de purification… Oui j’ai sauté trois fois par-dessus les feux en file quand le laurier mouillé m’a eu aspergé d’eau en gouttes »
Il fallait aller retirer dans la maison des Vestales ce mélange composé du sang du cheval d’Octobre, de la cendre des veaux brûlés lors des FORDICIDIA et des tiges creuses de fèves. On purifiait aussi le foyer du temple de Vesta sur le forum.
Cette fête d’essence essentiellement pastorale se déroulait à Rome sans doute sur le mont Palatin près des lieux historiques de la fondation de la Ville
On reliait, à partir d’Hadrien, la date du 21 Avril à la fondation de Rome, jour où selon la légende les paysans avaient incendié leurs huttes pour s’installer à l’intérieur d’une ville désormais entourées de solides remparts
A ce propos, rappelons quelques étapes de la Fondation de Rome : une fois adultes, Romulus et Rémus décidèrent de fonder une ville. Ils consultèrent les augures pour savoir qui des deux donnerait son nom à la ville.
Rémus, le premier vit six vautours voler dans le ciel, aussitôt après, Romulus douze. Rémus les avait vu en premier mais Romulus en avait vu plus… Ce fut donc Romulus fut désigné pour accomplir les cérémonies de fondation.
Alors qu'il traçait le pomœrium, sillon sacré délimitant la ville, soulevant de temps en temps l'araire pour délimiter des portes, Rémus, pour se moquer franchit d'un pas ce rempart symbolique. Romulus, considérant cette attitude comme un manque de respect et une intolérable incursion dans sa ville, le tua.
La déesse Palès , donna-t-elle son nom au mont Palatin ? Fut-elle la première déesse protectrice de la Ville, construite sur cette colline ? On peut le penser.

18 avril 2011

Prosepine est de retour des Enfers... Kairé ! Kairé !



Le 19 Avril, fêtons les Cerialia,

Depuis le 12 Avril, on se le rappelle nous étions dans période des grands Jeux dédiés à Cérès mais, le 19 Avril, c’est la déesse elle-même qu’il convient de célébrer.
Dans les temps reculés, Cérès n'était qu'une modeste déesse, très fonctionnelle, elle protégeait une des étapes de la culture des terres : la croissance des plantes et plus spécifiquement des céréales. Mais, peu à peu elle devint puissante jusqu’à évincer tous les autres dieux et patronner l'ensemble de la fonction agricole
Elle partageait, dans un coin du grand Cirque, au pied de l'Aventin, avec Liber et Libera, un temple de style grec, le premier dans l’Urbs, bâti par des Grecs
Le culte de la déesse grecque Déméter, latinisé en Cérès, fut introduit à Rome en - 493 avant J.C. selon un ordre des livres Sybillins (encore et toujours ces fameux livres….).
Le culte lui-même, admis parmi les sacra publica, resta entièrement grec.
Les prêtresses étaient d’origine Grecque, les prières et les rites étaient célébrés en grec.
Le 19 Avril on célébrait le retour de Proserpine, la fille de la déesse, depuis sa demeure des Enfers, où elle résidait 6 mois par an avec son époux, le dieu des Enfers, le redoutable Pluton. C’était une fête joyeuse, on s’habillait de blanc.
Il n’y avait pas vraiment de sacrifice sanglant, on se contentait de gâteaux de miel, avec du lait, de l'encens et des flambeaux allumés. Les édiles de la plèbe sacrifiaient une truie et partageaient l'épeautre et le sel, gâteau sacrificiel préparé par les vestales plus connu sous le nom de Mola Salsa
Le culte de Cérès à Rome s'adressait surtout aux plébéiens, exclus des sacra gentilicia des familles patriciennes. Aussi ce nouveau culte fut-il placé sous la surveillance des édiles plébéiens. C'est là, près de ce temple que, sous la surveillance de ces magistrats on distribuait le blé et le pain qui, dans les temps de détresse, étaient accordés au peuple
Après le sacrifice, auquel assistaient les trois divinités, allongées sur des lits de parade, commençaient les Jeux qui duraient désormais plusieurs jours.
A cette occasion, les plébéiens invitaient les patriciens qui à leur tour les conviaient aux Megalesia dont nous avons déjà parlé(fêtes de Cybèle).
Nous sommes le 19 avril, la fête bat son plein.
À la campagne, on organise une procession autour des champs et on célèbre Cérès par des offrandes et en buvant du vin mêlé de lait et de miel...
A Rome, cette procession joyeuse se rend au cirque pour assiter à des courses de chevaux et des distributions de noix et de bonbons.
A la suite des courses de chevaux, au Grand Cirque avait lieu une course étrange et cruelle. On faisait courir des renards sur le dos desquels on avait attaché des torches enflammées. Ce rituel primitif avait un rapport avec le soleil c'est pourquoi on le pratiquait dans le Cirque, lieue circulaire par excellence.
Ovide nous dit qu’on espérait par cette course, combattre la maladie, la rouille couleur qu’évoque le pelage du renard.
Au même moment on célébrait également par un sacrifice de chiennes rousse (cousines des renards) Sirius, l'Astre rouge, responsable de la Canicule
On a peu de textes pour décrire cette cérémonie, mis à part celui d’Ovide dans son recueil « Les Fastes » :
Passant par là, j'allais chez les Pélignes, ma terre natale, territoire réduit, mais où toujours on rencontre de l'eau en abondance.
Je suis entré chez un vieil hôte, dans une maison qui m'était familière
(Phébus déjà avait retiré leur joug à ses chevaux au bout de leur course).
Le vieux avait l'habitude de me conter une foule de choses, et notamment celle-ci, qui me permet de développer l'ouvrage qui m'occupe maintenant.
- Dans cette plaine, dit-il en me la montrant,il y avait un petit champ, appartenant à une paysanne regardante et à son rude mari. L'homme parcourait sa terre, en se servant d'une charrue ou d'une faucille recourbée ou d'un hoyau. Quant à la femme, tantôt elle balayait sa ferme étayée par des piliers, tantôt elle déposait des oeufs sous les plumes d'une couveuse, cueillait des mauves vertes ou des champignons blancs, ou alimentait un feu bienfaisant dans un modeste foyer. Et cependant, elle ne cessait de se fatiguer les bras à tisser, et à s'armer ainsi contre les menaces du froid. Son fils était espiègle, dans les premières années de son âge, à deux lustres il avait ajouté deux années. Au fond d'une vallée encaissée, plantée de saules, il attrapa un renard qui avait enlevé nombre de volailles de leur basse-cour. Il enveloppa de paille et de foin la bête capturée, et y mit le feu. Le renard échappa à ces mains incendiaires. Partout où il fuyait, il mettait le feu aux champs couverts de moissons ; le vent qui soufflait donnait des forces au feu dévastateur.
L'événement est passé, le souvenir en subsiste. Maintenant encore, une loi de Carséoli interdit de laisser vivre un renard capturé, et pour expier sa peine, cette race est brûlée lors des Cerealia, et elle périt, de la façon dont elle a fait périr les récoltes.
Ovide, Fastes, 470

17 avril 2011

Le 15 Avril, Célébrons la Terre féconde...



.... Lorsque se sera levé le troisième jour après les Ides de Vénus,
Pontifes, offrez en sacrifice agréable une vache pleine.
Une vache qui porte est dite Forda et sa portée désigne qu'elle est féconde.
On pense que les foetus aussi tirent de là leur nom.
À ce moment, le bétail est gravide ; gravide aussi la terre ensemencée.
À la Terre pleine est offerte une victime pleine.
Une partie des victimes est immolée sur la citadelle de Jupiter ;
à chacune des trente curies échoit une vache, et le sang répandu dégouline.
Mais, dès que les préposés ont arraché les veaux aux entrailles de leur mère
et offert les morceaux de fressure sur les foyers fumants,
la Vestale la plus âgée brûle les veaux dans le feu : et cette cendre servira à purifier le peuple au jour de Palès.
Ovide, Fastes IV, 629-641

Nous vous invitons à célébrer la fête la plus impressionnante peut être de l'année romaine.
Elle avait lieu dans le cadre de la Curie, plus vieille division du peuple. A Rome il en existait trente. C’est une fête plébéienne. Par opposition aux fêtes de la Grande Déesse réservées aux patriciens et dont nous avons parlé.
Le 15 Avril les pontifes égorgent deux vaches pleines pour chacune d’entre elles, une au Capitole et une dans chaque Curie.
Ensuite, on arrache des entrailles des vaches égorgées, les embryons des veaux que l'on fait griller.
On en confie ensuite les cendres à la grande Vestale qui les conserve avec des tiges de fèves creuses et le sang qui a coulé de la queue du cheval d'Octobre dont nous reparlerons, en Octobre...
Ces trois restes sacrificiels seront distribués au peuple le 21 Avril lors des Parilia
On offre en sacrifice une vache pleine parce que comme le rappelle Ovide : « A la Terre pleine, on offre une victime pleine. »
Le vieux roi Numa offrit le premier ce sacrifice pour faire cesser une épidémie, sur l'ordre du dieu Faunus.
On peut assimiler ce Faunus à Pan, divinité d’Arcadie, où s’élevait le mont Ménale.
Les Romains célébraient Faunus à plusieurs reprises dans l’année notamment lors des Lupercales ou pour conjurer la foudre.
Sa maîtresse, la nymphe Egérie l'aida en lui révélant la signification de l'oracle de Faunus : « Il faut sacrifier, roi, deux vies en une »
Etrange oracle on l'avouera. Mais Egérie en comprend la signification : il s'agit d'une vache qui porte un veau et qu'on appelle « forda » (du verbe « ferre » - porter)
C’est pourquoi le sacrifice s'appelle « le meurtre des vaches pleines » : Fordi – cidia (du verbe caeso qui signifie aussi tuer)
Égérie est déjà intervenue pour aider Numa à conjurer la foudre. Ovide nous précise qu'elle vivait dans le bois sacré de la Diane d'Aricie.
Le sacrifice était donc offert, toujours d'après Ovide à Tellus, la terre pleine, pleine de semence dont il faut aider la délivrance le jour venue. Le produit de la terre lui aussi sera arraché à ses entrailles, puis transformé en grain et farine, et servira, une fois « brûlé » (cuit au four) à nourrir les hommes
Le sort que subit l'embryon de veau préfigure et garantit celui que subira le grain qui après passage lui aussi par le feu deviendra le pain…
Le pain sert à nourrir les hommes la boucle est bouclée.
Relisons le poète :
« Au temps du roi Numa, la récolte ne répondant pas aux efforts fournis,
les voeux des cultivateurs déçus demeuraient sans effets.
L'année souffrait de sécheresse, sous l'Aquilon glacial ;
ou les champs étaient gorgés d'eau, à cause de pluies incessantes.
Souvent Cérès, dès l'apparition des premières pousses,
décevait le maître, et la folle avoine envahissante occupait le sol ;
les troupeaux mettaient bas des prématurés avant leur terme
et l'agneau naissant causait souvent la mort de la brebis.
Une antique forêt, longtemps restée à l'abri des coups de hache,
abritait un lieu sacré, réservé au dieu du Ménale.
Ce dieu fournissait des réponses aux esprits au repos, dans la nuit silencieuse.
En ce lieu, Numa immole deux brebis.
Il offre la première à Faunus, la seconde au doux Sommeil ;
Il étend les deux toisons sur le sol dur.
Deux fois il inonde d'eau de source sa tête chevelue,
deux fois, il se couvre les tempes de feuilles de hêtre.
Il s'abstient des plaisirs de Vénus ; à table, la viande est interdite
et ses doigts ne portent aucun anneau.
Vêtu d'un habit grossier, il s'étend sur les toisons nouvelles après avoir invoqué le dieu dans les termes adéquats.
Pendant ce temps, vient la Nuit, le front serein orné de pavot,
entraînant avec elle les songes noirs.
Faunus se présente et, piétinant lourdement les peaux de mouton,
énonce les mots suivants, depuis le côté droit de la couche :
et dit : "On te réclame la fressure d'une vache pleine."
On offre la fressure d'une vache pleine ; l'année s'avère féconde,
et la terre autant que le bétail portent des fruits.
Ovide, Fastes IV, 629-641