Kleio, la Muse qui muse, musarde, s'amuse...

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Je suis une muse délirante et "délireuse", passionnée d'écritures et de lectures. J'aime la vie, la lumière et le bonheur !

23 novembre 2007


Comme j'ai toujours envie de parler de chez moi et que je sais que certains de mes curieux sont friands de traditions et de coutumes voici un petit conte que je distillerai à mes élèves comme cadeau de Noël.


Calendo ou Noël en Provence

Lorsque j’étais petite, à l’approche des fêtes de fin d’année, je ne manquais jamais de poser à ma grand-mère cette question : "Dis Mamé, raconte moi ! C’était comment Noël quand tu étais petite ?"
Elle se prêtait, de bonne grâce, à l’exercice et nous commencions ce dialogue rituel.
- "Noël, je veux dire Calendo, à mon époque, c’était bien différent d’aujourd’hui, pas de Père Noël, pas de sapin !
- Pourquoi ? Vous n’étiez pas assez sages ? Pas assez riches ?
- Mais non, nigaude ! Le Père Noël c’est un homme qui vient du Nord, du Pôle Nord même ! C’est une tradition saxonne, un peu barbare, ce n’est pas méridional. Nous, depuis toujours, enfin depuis longtemps, puisque ma pauvre grand-mère Agnès me le racontait déjà, nous attendons les Rois Mages. Tu sais Gaspard, Melchior et Balthazard celui venu d'Afrique, noir comme l'ébène qui s'est installé aux Baux sur le chemin du retour. Dans leurs caisses de présents pour l’Enfant Jésus, ils en apportaient aussi pour tous les enfants sages. Le Jour de l’Epiphanie, le 6 Janvier, il fallait partir "à l’avance des Rois" et surtout ne pas oublier la poignée de foin pour les chameaux et les carottes pour les chevaux.
- Alors, tu as vu les Rois Mages ?
- Eh bien..... figure toi que je n’ai jamais eu cette chance parce que, chaque fois que je suis partie à leur rencontre, je n’ai vu, du somptueux cortège, que son sillage doré qui flamboyait à l’horizon. Et le soir, lorsque nous rentrions fatigués et déçus d’avoir couru tout l’après-midi après la caravane, nous trouvions nos parents, sur le pas de la porte, qui nous disaient : "Mais où étiez vous passés ? Vraiment vous n’avez pas eu de chance, ils viennent de partir. Enfin, comme nous leur avons dit que vous étiez gentiment partis à leur rencontre, ils vous ont laissé quelque chose.
- Et c’était quoi ? De l’or ? Des tissus ? Des pierres précieuses ?
- Non, c’était des oranges, emballées dans du papier doux comme la soie, ou un petit jouet. Je me rappelle une année où j'ai reçu un petit chameau pour mettre dans ma crèche... Il avait dû falloir bien de la patience pour le trouver. Tu sais, ce qui compte, ce n’est pas la valeur du cadeau, c’est de faire un cadeau, d’offrir aux autres.
- Alors le soir de Noël vous ne faisiez pas de fête ?
- Comment pas de fête ?
- Mais non puisque qu’il n’y avait pas de cadeaux au pied de l’arbre et même pas d’arbre, juste des branches de petit houx en bouquet
- Mais enfin, réfléchis un peu ! La fête de Noël c’est la fête des cadeaux ou la célébration de la naissance de Jésus ?
- C’est la Naissance de Jésus, du Christ Sauveur, je l’ai appris au catéchisme.
- Alors, lorsqu’un enfant vient au monde dans une famille on fait la fête, n’est-ce pas ? Pense un peu, si nous, les Provençaux, nous n’allons pas célébrer la naissance de l’enfant Jésus !
- Alors, raconte !
- Tout d’abord il faut savoir que, dès le début du mois de Décembre, de l’Avent, la période où on se prépare à la venue de Jésus au monde, on commence à préparer Noël.
Le 4 Décembre, le jour de la Sainte Barbe, on plante, dans un peu de coton mouillé, le blé ou les lentilles. On fait trois assiettes parce que le chiffre trois est un peu magique pour nous. Tu verras, c’est un nombre important pour toutes les fêtes de Noël.
Ce blé symbolise la Nature qui après le long hiver se réveille et germe pour nous donner de belles récoltes. Puis, quelques jours avant Noël, le 21 Décembre en général, pour la sainte Luce, lorsque "les jours font le saut d’une puce", on fait la crèche.
- Mais, dis moi Mamé, pourquoi, dans la crèche, n’y a-t-il que des personnages en costume Provençal ?
- Mais parce que Jésus est né en Provence, aux Baux, tout le monde sait cela !
- Tu crois vraiment ce que tu dis Mamé ?
- Tu ne sais pas, ma petite bête, que nous, les Provençaux, nous aimons à raconter des histoires, "les galéjades", il n’y a que les balourds ou les naïfs pour croire tout que nous disons et surtout croire que nous y croyons !......
En revanche ce qui est vrai, c’est que la tradition de la crèche qui nous vient d’Italie, de ce bon saint François d’Assise, est née à Marseille. Avant la Révolution on faisait les crèches dans les églises avec des statues de saints habillés de costumes somptueux. Mais, pendant la Révolution, les catholiques ont dû arrêter de pratiquer leur religion. On s’est mis à vénérer l’Etre Suprême, plus question de faire des crèches. Cependant, comme la tradition était déjà bien implantée et qu’on ne pouvait plus fréquenter les églises, et puis que ça nous plaisait bien d’avoir la sainte famille devant notre cheminée, on s’est mis à fabriquer de petits saints, des "santini" en Italien, les santons en Français.
- C’est à Marseille qu’on a fait les premiers santons d’argile.
- C’est vrai c’est Agnel qui a fait les premiers moules et depuis 1803, chaque année à Marseille et dans toute la Provence, à partir de fin Novembre, on voit fleurir les foires aux santons.
- Alors vous faisiez la crèche ....
- Oui, il ne fallait pas oublier la mousse, les rochers, les petits morceaux de buis, de thym, de romatin ou d’arbustes pour faire les arbres, le petit miroir pour faire l’eau de la source où se reflète la lavandière....... Enfin tout ce qu’il faut pour faire un beau décor. On plaçait les santons, tous, sauf l’enfant Jésus qui n’était pas encore né. Et, sur le bord ou sur les côtés de la crèche on mettait les assiettes du blé de la sainte Barbe.
- Et puis ?
- Et puis...... arrivait le jour le plus important, le 24 décembre, le jour du "gros souper" et de la messe de Minuit.
- Avant d’aller à la messe, on se réunissait en famille.........
- Sans oublier l’assiette du pauvre, hein dis ?
- Sans oublier l’assiette du pauvre, car des malheureux, il y en a toujours eu !
On se réunissait autour d’une table bien garnie pour attendre la naissance du Christ. On avait mis trois nappes et trois chandeliers. Tu vois, toujours le chiffre trois qui nous rappelle qu’il y a le Père, le Fils et le Saint Esprit, la Sainte Trinité. et Qu’ils sont, en même temps, Trois en Un.
- Et qu’est que vous mangiez ?
- Oh, a peu près ce que nous mangerons dans quelques jours. Sur la table du "gros souper" il ne doit pas y avoir de viande, c’est un repas maigre.
- Comme pendant la Semaine Sainte.
- Exactement, mais ça ne veut pas dire que nous ne mangeons rien. On peut manger ce soir là, des escargots, de la morue, un grand aïoli, un muge farci et puis tous les légumes qu’on veut, la carde en anchoïade ou le gratin de cardons sauvages : le poisson du pauvre, les épinards en roussin.......... Un bon repas et, comme tu le sais, on ne se lève pas de table avec la faim.
- Il ne manque rien dans ton repas, Mamè ?
- Ah ! Gourmande ! Les desserts !
- Les treize desserts, Mamé !
- Tu as raison de dire les treize desserts car il en faut pas qu’il y en ait moins mais il peut y en avoir plus.
- Alors Mamé, dis, raconte !
- Eh bien On dit qu’ils représentent le Christ et ses douze apôtres, ce qui fait treize.
Il y a, tout d’abord "Les quatre mendiants", qui rappellent les ordres mendiants les plus répandus en Provence :
- Les amandes
- Les noix
- Les figues sèches
- Les raisins secs de Smyrne, les plus gros et les plus parfumés
Pour faire le mendiant traditionnel tu places, dans une figue sèche, un grain de raisin, un cerneaux de noix et une amande puis tu l'offre à ton voisin de table.
Ensuite, nous trouvons, les dattes rousses qui ont, imprimè à leur sommet, le "Oh" d’émerveillement que poussa Jésus en les découvrant, puis les fruits frais ou secs ou confits comme les abricots secs, les oranges douces, les pommes, les poires.
On place aussi la pâte de coings ou les fruits au moüt de raisin qu’on a confectionné à l’automne
On ajoute, à tout ce cortège, le nougat noir qui sent le miel et le nougat blanc à base de noisettes, pignons et pistaches et les grosses prunes sèches de Brignolles ou des pruneaux.
Et surtout il ne faut pas oublier la fougasse à l’huile d’olive qui s’appelle aussi selon les régions pompe ou gibassié.
Pour accompagner tout cela, on peut boire du vin doux, du muscat ou du ratafia de cerise.
Vois-tu, ce qui compte le soir de Noël, ce n’est pas qu’il y ait exactement treize desserts, ou ces treize desserts là, car chaque famille a les siens. Un peu plus ou un peu moins ce n’est pas le plus important, mais ce qu’il faut, c’est qu’il y en ait beaucoup car Noël, c’est la fête de la générosité.....
- Et puis, avant de les manger, vous alliez à la messe.
- Non, avant il fallait faire "Cacho-fio".
- "Cacho-fio" ?
- Oui, mon grand père, ou tout du moins l’homme le plus âgé de la famille ce soir là, prenait une bonne souche d’arbre fruitier mort dans l’année, mais bien sec, puis, après l’avoir béni avec un rameau d’olivier, tous, nous faisions trois fois le tour de la table en procession. Ensuite, il plaçait cette bûche dans la cheminée et versait dessus un peu de vin cuit en disant :
Cacho-fio-bouto-fio
Allègre, Allègre
Dieu nous allègre
Calendo ven
Tout ben ven
Dieu nous fague la graci de veire l’an que ven
E se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens.
Ce qui veut dire : "Alléluia, Alléluia, Que le Seigneur nous donne de la joie, Noël vient, tout vient bien, que le Seigneur nous fasse la grâce de voir l’année qui vient et que si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins."
et chacun, à tour de rôle, nous versions un peu de vin cuit en prononçant la phrase rituelle.
- Et puis vous partiez pour la messe.
- Oui, tout comme maintenant, en courant et, souvent, en rêvant aux morceaux de nougat noir qu’il avait fallu abandonner dans l’assiette.
- Tu es sûre que tu n’oublies rien ?....
- Non , je ne vois pas.
- Et les âmettes ?
- Ah oui, tu as raison. En partant pour la messe, on laissait les treize desserts sur la table, sans surveillance. Alors, pour les retrouver au retour, il ne fallait pas oublier de relever les coins de la nappe et d’y faire un noeud....
- Comme ça, les âmes du Purgatoire ne pouvaient pas manger les desserts !
- C’est ça, elles devaient se contenter des miettes.
- Ce n’était pas très gentil
- Mais tu sais, ma Nine, les hommes, même la nuit de Noël sont bien égoïstes lorsqu’il s’agit de leur assiette.
- Et au retour de la messe, que se passait-il ?
- Au retour, Jésus était né, on plaçait son santon dans la crèche et puis on faisait un petit réveillon, en grignotant quelques fruit secs ou un petit morceau de fougasse.
- C’est ce qu’on fait encore quand on revient de la messe.
- Eh oui, on perpétue les traditions c’est ce qui les fait vivre. Mais le plus important tu vois, c’est de les connaitre pour vivre en harmonie avec le lieu où on habite.
- Mais maintenant, Mamé, on a ajouté d’autres traditions à nos habitudes calendales.
- Oui, mais ce n’est pas un problème car nous, en Provence, nous aimons vraiment faire la fête. Nous avons à coeur de célèbrer la naissance du Seigneur et surtout, nous pensons que les traditions et les cultures des autres nous enrichissent. C’est pourquoi, nous avons adopté, sans nous faire prier, le vieil homme barbu avec ses rennes et l’arbre décoré de bougies. Et comme nous n’avons pas de sapin, sous nos climats, nous coupons, dans la montagne une branche de pin. En fait, ce qui compte le plus, encore un fois, ce n’est pas de respecter scrupuleusement une tradition, La Tradition, mais c‘est de la comprendre, de savoir qu’elle fait partie de notre identité et qu’il nous appartient de la faire vivre ou de la laisser mourir...et... nous avec !

Pour les recettes, si vous voulez, faut les demander... Elle viendront dans un prochain message.



22 novembre 2007

Le grand saut...

Il y a déjà juste un peu plus d'un mois... J'ai encore une fois été tenté par mon homme... et j'ai accepté de sauter en tandem, histoire de travailler "le lâcher prise", quelque chose de pas évident chez moi, presque du domaine de l'utopie...
Et bien plusieurs conclusions de cette expérience :
J'ai eu très peur. Ce n'est pas que je n'avais pas confiance dans l'autre auquel j'étais attachée mais j'avais une peur face à face avec moi même...
C'est une histoire très personnelle et très cérébrale c'est pas du tout physique. On se retouve face à une limite, et on choisit de la franchir ou pas... on passe de l'autre côté en quelque sorte
Oui, c'est vrai ça change, ça bouleverse l'image qu'on a de soi dans le monde parcequ'il faut s'abandonner, aller de l'avant et lâcher....
Résultat avant lorsque je posais mes mains à plat sur une table par exemple l'index et l'annulaire chevauchaient au niveau de la derniere phalange le majeur, se recourbaient sur le majeur.... Attention pas comme des crochets non c'était plutôt élégant mais bon. Et puis le haut des doigts était cambré vers l'avant.
Un ami qui travaille sur le décodage biologique m'avait beaucoup surprise en me racontant avec une grande précisionl'événement de ma vie qui avait transformé mes mains, leur donnant ce mouvement. Evénement qu'il ne connaissait pas cela m'avait troublé. il m'avait dit que cette position des mains traduisait une fuite qui n'avait pas pu avoir lieu car j'étais acculée contre un mur... Peut être un jour je raconterai..
Enfin, pour la faire courte.. depuis mes mains à plats sont à plat sur la table, plus de courbe élégante , plus de chevauchement, plus de cambrure.. Etonnant non ?
Donc c'était une bonne idée....
Après la grande peur car on doit vraiment aller dans le vide, hors de l'avion, les jambes dans le vide - c'est le moniteur qui est un peu assis dans la carlingue - et les bras reliés, paumes vers l'avant mains au niveau des oreilles, tête à l'arrière menton en l'air (et on a le temps de réfléchir à cette peur car l'avion met 20 minutes pour monter à 3000 mètres). on se balance vers l'arrières sur le moniteur, qui a la même posture, on s'allonge sur lui puis tout les deux on s'enroule et on bascule.
On éprouve alors après avoir un peu roulé sur le côté et s'être à nouveau étendus sur l'air, une grande sensation, non pas de vide mais de confort moelleux, de toucher les nuages puisque nous avons plongé au travers des nuages (à 3000 mètres ) très denses et cotonneux ce jour là.
Une impression de temps qui suspend son vol, on n'a pas la sensation de vitesse (on va pourtant à plus de 100 km/h) ni de chute (comme lorsqu'on saute d'un mur ou qu'on tombe tout simplement) mais plutôt de d'épouser un espace qui se love tout autour de vous, de le modeler avec son corps.
Ensuite, lorsque le parachute s'ouvre c'est le haut le coeur car un se retrouve debout, comme un bébé dans un sac kangourou (alors que jusque là on était couché à plat ventre dans l'air) et surtout on flotte. Alors là on a le temps de voir, de regarder à droite et à gauche....
Et puis les 20 dernières secondes, les 10 derniers mètres là ça va vite, le sol s'approche, s'approche et on atterrit sur la terre très ferme.
Tout cela dure environ trois minutes mais on n'a pas la sensation de temps, on ne saurait dire car on a perdu ses repères.
On a lâché prise... je crois qu'on peut le dire
Donc quelques photos de moi et de ma collègue (celle avec qui je travaille en tandem en classe) que j'adore.. on a sauté l'une après l'autre et on s'est vu descendre, atterrir....

18 novembre 2007

Il est né !


Ce matin, j'ai été prise d'une bouffée délirante de création, j'ai osée, je me suis lancée... et Voilà !

Il est né, tout nouveau, tout surpris d'émerger sous le pâle soleil d'hiver. Reflet de mes humeurs, écho de mon bavardage... expression pure et simple.

On verra... ça verra... ça ira...