Kleio, la Muse qui muse, musarde, s'amuse...

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Je suis une muse délirante et "délireuse", passionnée d'écritures et de lectures. J'aime la vie, la lumière et le bonheur !

19 décembre 2008

Mon petit cadeau !


Hier soir, je me suis offert mon petit cadeau de Noël... et c'était bon !

J'ai appuyé sur la touche "contact du Sagem, cherché la lettre C. et hop me voilà , deux sonneries plus tard à.... Montréal.

Je savais par une indiscrétion qu'il y avait une soirée, alors je me suis invitée

Là, belle assemblée, beaucoup de rires....

Sur cette photo, façon pop art, j'ai aussi les yeux "morts de rire"
Y'avait bien un samourai dans un coin qui devait me trouver bien bavarde, j'espère que la maîtrese de maison avait pas fait du soufflé au fromage sinon, il était tout raplapa...

J'ai entendu la voix de tout le monde :
- Le célèbre "Père l'ours"- c'est un taiseux lui- mais il a la voix bien douce pleine de fierté quand il parle des gens qu'il aime.. J'ai oublié de lui dire combien sa fille était une belle personne... bon j'suis tranquille il le sait.

- Celui qui change tout le temps de nom en ce moment... J'étais drôlement contente de l'entendre, il avait l'accent que je pensais... bon comme il riait tout le temps, on se comprenait un mot sur deux, ce qui a rendu un moment où il essayait d'être poétique franchement comique : un quiproquo auditif sur "mordoré" et "mort de rire".
Aussi c'est ma faute, il me parlait de mes yeux et moi, toujours simple, au lieu de lui dire ben oui, ils sont quelquefois verts, quelquefois jaunes quelquefois marrons ça dépend de la lumière et de mon humeur, je lui dis qu'ils sont mordorés et alors là.. je vous laisse imaginer la suite... au lieu de s'extasier, il s'éclate... de rire.
Raté, pour la poésie.. la Muse était un peu vexée alors elle en a rajouté... oui, oui mordorés comme on dit "gorge de pigeon" (= rose tyrien et vert) ou queue de cerise (=rouge et bleu de prusse) mais elle a continué à faire un flop.. C'est pas grave c'est toujours comme ça quand elle est émue, la Muse, ou elle se tait et on pense qu'elle s'ennuie ou elle parle, elle parle et dit n'importe quoi !
Enfin il verra la photo de la fée et il jugera sur pièce.
Mais c'était bon de l'entendre et de le faire rire.

Et puis, cerise sur le gâteau.... grande conversation avec la fée (alors là le soufflé il devait ressembler à une crêpe et le dragon j'ose même pas imaginer).
On a dit que des banalités mais l'essentiel était dans la mélodie de la voix et dans les interlignes du dialogue. C'est un peu rageant mais elle sentait que j'allais pas si bien que ça et que j'avais besoin de l'entendre me le dire : ça m'a émue jusqu'aux larmes d'être aussi transparente. C'est bon la compassion ça réchauffe.

Vivement que la téléportation s'installe... c'est rageant de devoir raccrocher.
Tu m'excuses Seko, je t'ai volé tes invités... et je me suis "méchamment incrustée", comme ils disent. Je te fais deux bises pour me faire pardonner mes bavardages.
En conclusion une bien belle soirée.. Je suis allée me coucher toute regaillardie.

18 décembre 2008

Pour accompagner le conte



Cerisier bicolore...

Un conte... pour la route

Pour certains qui seraient en chemin et en errances comme des nouveaux croisés...

C’était il y a bien longtemps en Provence, au temps de la première croisade.
Le moine de Clermont, pierre l’Hermite, venait juste de parcourir les hautes terres de Provence et avait, par sa foi ardente, enflammé les cœurs de tous les habitants. Il n’y avait pas une âme qui ne brûlât de partir pour la Terre sainte et ne songeât à accomplir son destin en délivrant Jérusalem.
Le Seigneur de Fontcaude était de ceux là.... Il possédait un beau et vaste manoir juché tout au sommet d’un éperon de calcaire plus blanc que le marbre. Tout autour s’étendaient de vastes et grasse prairies encadrées de vergers plantés de bleus oliviers... et puis les bois odorants où se mêlaient les fragrances les plus subtiles des plantes des bois...
Les habitants de ces vallées travaillaient tous de bon cœur pour leur Seigneur... Oh pas tellement pour lui faire plaisir mais... il y avait sa dame, son épouse la comtesse de Fontcaude...
Un seul de ses regards était plus doux et plus doré que l’aube nouvelle, sa voix était douce et mélodieuse, jamais une parole dure ou blessante... Elle portait tant de bonté en elle qu’on avait coutume de dire qu’elle était toute de soie, à la fois douce et brillante. Mais surtout ce qui ne lassait pas d’étonner c’était son amour pour son mari, pourtant bien sec et revêche qui vivait grassement et était avide de plaisirs. Cependant, malgré sa dureté, il se comportait somme toute assez bien ou du moins pas plus mal que les autres seigneurs de ces lieux.
Donc jusqu’à la venue du moine des montagnes, la vie s’écoula sereine.
Lorsque sa réputation s’étendit dans toute la Provence, Le comte alla l’entendre à Saint Gilles et revint, lui qui était plus que souvent avare de paroles, d’une humeur volubile. Le soir, il ne tarit pas d’éloges sur cette grande expédition qui se préparait... Il devait lui aussi partir et ses gens avec lui...
Enfin, pas tous car ses compagnons de banquet... le comte n’en voulait pas. Tous ces courtisans vêtus et soies et de brocards, seulement occupés de rimer les madrigaux et de s’extasier sur la robe d’un vin auraient été des fardeaux inutiles...
Eux non plus d’ailleurs ne voyaient pas le moment de reprendre leur vie de délices que l’absence du comte rendrait encore plus joyeuse.
Mais le comte, était-ce l’effet d’un peu mansuétude qui lui serait venue avec l’âge, le comte songeait en regardant ses terres, son château, sa cour que ce voyage comportait bien des risques, qu’il faudrait affronter bien des dangers, le voyage en mer, les pirates, les maladies dont on ne connaissait même pas le nom et encore moins les remèdes... Il sentit son cœur faiblir à l’idée de ne plus revenir mais un sursaut d’orgueil lui fit secouer la tête et chasser toutes ces sombres pensées. Lui le Seigneur de Fontcaude ne faillirait pas, il irait en croisade et reviendrait couvert d’une gloire immortelle...
Le matin du départ toute la cour était remplie, ce n’était qu’embrassades et souhaits de bons voyages entre ceux qui partaient, la tête remplie de rêves de gloire et d’espérance et ceux qui restaient et formaient les vœux les plus chers pour cette expédition.
Tout à coup, la foule s’écarta pour laisser passer la Dame et sa suite... Le baron sentit son cœur faiblir... comme son épouse était belle et douce.... aurait-elle la patience d’attendre son retour ?... N’allait-elle pas se lasser de la solitude... Alors... Et cette pensée s’enfonçait déjà comme un aiguillon acéré dans son cœur, viendrait quelqu’un de plus aimable, de tendre et alors.... elle se laisserait distraire, séduire, charmer... et il l’emmènerait loin des hautes tours ou pire encore ils contempleraient en souriant le soleil illuminer de ses rayons les vertes plaines de la vallées... Le visage du comte prit une expression dure et amère... La mort, la maladie serait encore préférable à cela
« Mon seigneur, ne soyez pas triste, chaque minute qui s’écoule nous rapproche de votre retour, La Dame de Fontcaude disait cela d’une voix douce tout en caressant tendrement la joue de son époux
- Pourrez-vous m’aimer pendant toute cette longue absence ? Lui glissa-t-il à l’oreille. »
Elle se contenta de sourire. Le doute lui serra le cœur... Il se retourna, plantant là sa cour et se rendit dans la haute salle. Il ordonna alors qu’on aille chercher le sorcier Benserad....
Benserad était le sorcier le plus puissant de Provence, d’aucuns disaient même du monde... on ne savait ce qui le liait au Seigneur de Fontcaude... Un pacte diabolique ou encore une promesse, certains prétendaient que le comte avait délivré, par hasard, Benserad d’un charme et qu’ainsi ce si puissant magicien avait fait voeu de le servir le comte... Mais nul ne savait rien sinon qu’il inspirait la crainte.
Peut êter cela provenait-il de sa physionomie ?
Il était grand et mince, le temps semblait ne pas avoir de prise sur lui et bien malin qui aurait pu lui donner un âge... De sa mère sarrazine, il avait hérité des cheveux noir de jais qui tombaient en cascades sur ses épaules... et puis ses yeux. Ah ! Ce regard qui pouvait passer du plus doux velouté à la plus étincellante des tempêtes et puis sa voix chaude et grave qu’il modulait à plaisir pour tour à tour séduire, apaiser ou envoûter.
Benserad posssédait tous les pouvoirs qu’on pouvait imaginer. Il savait changer les métaux en or, lire les signes secrets des étoiles, charmer les animaux et parler leur langue....
« Mon maître m’a fait appler, dit le magicien. Il était arrivé sans bruit et s’inclinait respectueusement devant le comte
- Certes, je t’ai fait appeler, répondit le seigneur de Fonccaude en se versant une rasade de vin, je t’ai fait appeler car je veux de toi une magie puissante, assez puissante pour rassurer mon coeur inquiet.
- La magie est puissante mais... pour le trouble de l’âme... je ne peux rien
- Tais-toi ! Cria le comte
Benserad lui lança un regard étincellant mais, se drapant dans sa cape écarlate il s’inclina profondément
- Je sens mon maître bien inquiet...
- Mon épouse est belle Benserad... Je veux qu’elle me reste fidèle, trouve un charme qui me protège de la trahison
-Tu n’as pas besoin de moi pour cela, la comtesse est fidèle et pure... Aucun de mes sorts n’aura de prise sur elle... Ce n’était pas la peine de me déranger pour cela et il fit mine de sortir.
- C’est un ordre !... Rappelle-toi Benserad...
Benserad regarda longuement le comte : « Je peux la changer en oiseau ou en pierre. »
- Non car un oiseau peut être tué et une pierre écrasée et puis qui s’occupera de mes terres lorsque je serai parti.. Non ! Ecoute Benserad, j’ai bien réfléchi... Je veux que tu rendes ma femme laide, si laide que personne ne pourra la regarder sans être saisi d’effroi et qu’elle ne saura inspirer que le dégoût.
- Tel est votre désir ? Demanda Benserad d’une voix amère.
- Oui ! Mais comme je n’ai pas envie de voir cela attends que je sois parti, puis tu me rejoindras car je ne veux pas qu’on cherche à t’apitoyer et que tu defasses le sort pendant mon abscence. »
Le visage de Benserad s’empourpra, il serra les lèvres, mais ne dit rien.. Il s’envellopa dans sa cape et sortit de la pièce aussi silencieusement qu’il était entré.
Le seigneur rejoignit sa cour, s’approcha de sa femme, elle tomba à genoux.
- Ma noble dame je pars le coeur lourd... je vous jure d’êre bien fidèle et loyal pendant toute l’expédition... Quant à vous demeurez-moi fidèle, servez-moi bien.. occupez-vous du domaine et de nos gens comme de vos propres enfants. »
Il sauta prestement sur son cheval et franchit la large porte. La troupe quitta le château dans une joyeuse animation.....
Puis le silence retomba... la dame était encore à genoux, les courtisanss et les belles dames regardaient encore le cortège qui s’éloignait et agitaient leurs mouchoirs quand leur attention fut attirée par l’arrivée de Benserad qui menait son propre cheval par la bride.
Le sorcier avait revêtu son manteau noir parsemé des constellations célests et d’étranges signes oubliés. Il tenait à la main son livre relié de cuir rouge.
Il s’arrêta devant la Comtesse. Il posa son livre sur la margelle du puit, l’ouvrit et tout en faisant d’étranges passes avec ses mains, il entama une curieuse mélopée devant toute l’assistance saisie d’effroi.
Il ne quittait pas des yeux la dame de Fontcaude qui était resté à genoux. Pendant un long moment, on n’entendit plus que son chant puis il s’arrêta, referma son livre d’un coup sec et sans rien dire, sans un regard, sauta en selle, franchit la prote du château avant de disparaître sur l’étroite route dans un sillage de poussière.
Immobiles, saisis de peur, personne n’osait bouger pourtnat ils n’eurent pas à attendre longtemps. La magie de Benserad commença bien vite à se rendre visible...
Alors un grand gémissement s’éleva... la comtesse passa ses mains sur son visage qui commençait à se transformer. Des poils commençaient à pousser, raides et hérissés. Ses yeux s’agrandissaient, ses lèvres s’épaississaient, son nez s’applatissait, ses oreilles s’allongaient en pointe, sa machoire se dilatait et s’alourdissait. Le temps d’un sablier tout fut terminé...
Sa tête n’avait plus rien ni d’humain ni même d’animal. Benserad avait exaucé le monstrueux souhait du Comte de Fontcaude... Toute consciente de cette horreur, la comtesse poussa un hurlement et courut s’enfermer dans ses appartements.
Le château se remplit de chagrin, tous traînaient dans les couloirs se parlant à mi voix et n’osant même plus se regarder.
Mais la Dame de Fontcaude possédait une âme d’un courage exceptionnel comme trempée dans de l’acier. Passés les premiers mois de douleur et d’isolement, elle osa se montrer à nouveau. Devant les serviteurs, puis devant ses proches puis petit à petit devant ses gens. Il fallait bien malgré sa disgrâce qu’elle accomplisse son devoir, surveille les récoltes, gère le domaine, veille au cellier et au grenier.
Les courtisans et les habitants du domaine s’habituèrent à son apparence. Quand elle passait devant eux, vêtue d’une robe splendide, c’est à peine si on remarquait son apparence.
Sept longues années passèrent ainsi, la comtesse portait son sort avec patience et conservait au fond de son cœur son amour et sa foi à son cruel mari. Du comte, on avait eu bien peu de nouvelles.
On savait que beaucoup d’hommes de sa suite étaient morts, soit lors d’une terrible bataille soit de maladie mais leur Seigneur était toujours vivant.
Un jour de la huitième année, elle aperçut du haut de la tour où elle aimait à se retirer, un messager qui arrivait au triple galop dans un grand panache de poussière.
Il était porteur d’une grande nouvelle : le comte était de retour, il venait de débarquer à Aigues-Mortes. Aussitôt, la comtesse ordonna qu’on s’affaire pour le recevoir, que tout soit propre, frais et repassé pour l’arrivée de cette pauvre armée de glorieux chevalier.
Tous obéirent, mais tous la mine basse se demandaient avec effroi ce qui allait se passer... car ils se souvenaient que leur Seigneur était parti avant que Benserad ne jetât son terrible sort.
Quel triste spectacle lorsque le cortège, parti joyeux huit ans auparavant, franchit la porte du château.
Les cavaliers étaient épuisés, cheveux blancs et traits tirés, vêtements en lambeaux... Les montures faisaient peine à voir, si fourbues qu’on pensait qu’elles allaient trébucher à chaque pas.
Le Comte aussi avait vieilli, son armure était sans éclat et comme racornie, les sangles cassée... Et puis les horreurs de la guerre avaient endurcies son regard et son cœur, creusées son visage. Il n’avait plus souvenir de la paix.
Il descendit péniblement de son cheval, s’appuyant contre son épaule pendant que son épouse s’approchait pour lui remettre les clés du château.
Alors il poussa un cri terrible... lorsqu’il était parti son épouse était la plus belle femme de Provence...
Tous alors cherchèrent du regard, dans la suite du comte, Benserad, son cheval ou sa cape écarlate.. mais il ne purent que constater ce que le vent de nouvelles soufflait depuis ce terrible jour...
Benserad avait disparu à peine arrivé en Terre Sainte et depuis plus personne en avait entendu parler.
Le Comte, devant ses courtisans horrifiés, entra dans une colère terrible, il hurla, repoussa violemment son épouse et passa devant elle pour aller rejoindre le château. Il détourna la tête quand elle le poursuivit en le suppliant et sans la regarder lui ordonna d’aller s’enfermer dans la plus haute tour du château et de ne plus jamais reparaître à ses yeux...
Les jours qui suivirent furent terribles... le baron était d’une humeur exécrable... La croisade l’avait rendu plus égoïste que jamais... Il interdit même de prononcer le mot de comtesse.
Cependant au fur et à mesure qu’il parcourait à nouveau son domaine il ne pouvait qu’admirer la bonne gestion de son épouse... Son cœur lui disait qu’il avait tort de se montrer si cruel mais il ne pouvait pas se faire à l’idée qu’on parle sur son compte ou pire qu’on se moque... Et puis il sentait bien qu’un seul regard sur le visage déformé de son épouse le remplirait d’une honte qui le ferait mourir...
Alors il envoya des messagers partout pour annoncer qu’il offrait une fortune immense à celui qui délivrerait la comtesse de cet enchantement...
Une fortune c’est une somme considérable et les magiciens, sorciers, charmeurs et... charlatans de toute sorte affluèrent au château.. on organisa des soirées magnifiques pour les recevoir... mais la magie de Benserad était puissante et décidément la plus forte.
Peu à peu les sorcières cessèrent de venir, les messagers de partir... Le comte que son séjour en Terres sainte avait rendu encore plus égoïste reprit sa vie de plaisir...
Il réunit une cour brillante, jeune et surtout qui n’avait jamais connu la comtesse et ce ne furent plus que fêtes et banquets... Peu à peu la bonne gestion de la comtesse s’effaça devant la vie de dissipation de son époux....Les terres tombèrent en friche, les troupeaux diminuèrent... les fermiers en prenaient bien à leur aise.. et on en oubliait même la comtesse enfermée dans sa tour.
Un soir de beuverie, alors que le comte était déjà bien ivre, un inconnu se présenta à la porte du château. Il portait des vêtements élimés et paraissait sans âge tant ses traits étaient tirés. Il n’avait aucun bagage mis à part cette cape sans couleur qu’il enroulait autour de ses maigres épaules.... Lorsqu’il entra dans la grand salle... personne ne fit attention à lui... Le comte leva distraitement la main pour lui demander ce qu’il voulait.
« J’ai appris que votre épouse soufrait d’un charme... je peux la délivrer...
-Tu n’es ni assez fort, ni assez superbe pour défaire ce qui a été fait mais tu peux toujours aller demander une écuelle de soupe aux cuisines.
- Vieux ne signifie pas sans valeur, ni usé... et quelquefois ce qui est envers peut devenir endroit...
-Tu m’amuses vieillard, ton insolence m’amuse... Allez, je te donne deux semaines pour délivrer ma femme, ce sera toujours deux semaines où tu ne gèleras pas de froid sur les routes... mais au bout de ce délai, si tu n’as rien pu défaire... Je te ferais chasser par mes chiens.... »
La suite demain, mais pas la fin....
Ce vagabond était vraiment bizarre. Il passa les deux semaines à se promener.... Du matin au soir, il errait dans la cour, traçant d’étranges figures sur le sol de la cour, ou encore pendant des heures, il s’essayait sur le chemin de ronde et contemplait l’horizon.... on le voyait quelquefois regardait la tour où la comtesse supportait vaillamment sa disgrâce. Il n’adressait la parole à personne, préférant la conversation des oiseaux à celles des hommes.
Enfin le soir du quinzième jour arriva... le comte qui n’avait jusque là fait aucun cas de l’étranger, à la fin du banquet ordonna qu’on aille le chercher.
« Eh bien, vieillard, le temps est venu.... fais voir ta magie et délivre ma comtesse, qu’on aille chercher la Dame de ces lieux.... »
Ce qui fut fait. Lorsqu’elle descendit dans sa robe toute simple, un frisson parcourut l’assistance. En effet, beaucoup de courtisans n’avait jamais vu la Dame et son apparence les choquait mais son maintien était si noble que bientôt le silence se fit.
Le comte, en détournant les yeux, l’invita à s’asseoir et fit signe au sorcier de commencer son office.
Alors l’homme entama une étrange mélopée, envoûtante et mélodieuse.... on sentait que c’était comme un poème mais personne ne comprenait pourtant le visage du comte se contractait.... Il avait reconnu la chanson, elle était en langue sarrasine qu’il avait appris au cours de la croisade et, visiblement, les paroles l’effrayaient fort.
L’homme s’arrêta tout à coup, le fixa durement et repris en français
« Tu as raison d’être effrayé comte, car je vais raconter, avant de commencer, l’histoire de Benserad.... Oui Benserad était un grand sorcier mais un sorcier sous un charme... un charme qui le retenait prisonnier en votre pouvoir.
Un jour par le fait de votre égoïsme monstrueux, vous lui demandâtes de rendre votre épouse, si belle et si douce, horrible à voir.... Il dut, bien malgré lui, car cet ordre nuisait au principe même de la magie qui n’est là que pour le bien, il dut obéir.....
Mais votre félonie ne s’arrêta pas là.... vous lui ordonnâtes de partir avec vous en Terre Sainte pour ne pas qu’il fut tenté de défaire son maléfice. A peine arrivé, il y eut une horrible bataille, Benserad tomba... sous les flèches sarrasines... Vous ordonnâtes de l’abandonner, dans le désert, aux bêtes féroces
- Il était mort
- Qui vous l’a dit ? Avez-vous cherché à voir son cadavre ? Avez-vous posé la main sur son cœur ? Non, le signal de la retraite donnée, tout le monde s’enfuit et vous le premier. ainsi, pour son malheur, Benserad n’était pas mort, durement touché mais pas mort. Les pilleurs de champ de batailles le ramassèrent et le vendirent comme esclave à un maître cruel. Il le servit pendant des années mais sa blessure l’avait affaibli, son grimoire avait été déchiqueté pendant la bataille... sa magie était moins puissante. Un jour enfin son maître mourut et il parvint à s’enfuir...
- Balivernes que tout cela, tout ça n’a rien à voir avec la Comtesse..... Allons fait ton office je ne t’ai pas gardé pour faire le bateleur.
- Rassure-toi, Comte cruel n’auras pas trop à attendre... Benserad est venu réparer ce que ta cruauté l’a obligé à faire... Tu as raison de trembler... Je suis Benserad !
Le vent glacial de la peur se mit à souffler sur la haute salle.
On se rappelle que Benserad était revenu de Terre Sainte bien décidé à défaire le sort que le cruel comte de Fontcaude l’avait obligé à jeter à son épouse.
... - Rassure-toi, Comte cruel n’auras pas trop à attendre... Benserad est venu réparer ce que ta cruauté l’a obligé à faire... Tu as raison de trembler... Je suis Benserad !
Le vent glacial de la peur se mit à souffler sur la haute salle.
Alors Benserad s’approcha de la comtesse et se mit, tout en faisant des passes, à chanter une mélopée... Mais il le faisait d’une voix si faible que ses paroles semblaient un murmure.... puis il éleva les bras... mais rien ne se passa.. le visage comtesse était toujours aussi difforme
- Oh comte cruel, contemple ton oeuvre... Certes ma magie était puissante autrefois mais l’esclavage où ta cruauté m’a jeté, les privations, l’usage mauvais de mon art m’ont affaibli... Je ne peut défaire ce sort... Vous tous, ignorants des choses merveilleuses et secrètes, sachez qu’il faut plus de force pour défaire que pour faire, pour détruire que pour construire, pour réparer que pour casser, pour soigner que pour blesser... Je suis trop faible, mais même si cela doit me coûter mes dernières forces, Comtesse je vais te délivrer de ta laideur....
Et il se tourna vers le comte tout en reprenant sa mélodie, il se balançait de droite à gauche.... Tout à coup un cri d’horreur s’éleva... Le comte porta les mains à son visage et se mit à hurler lui aussi... Benserad s’était tu maintenant et souriait... Le visage du comte était devenu tout aussi diforme que celui de son épouse....
Lentement Benserad fit une profonde révérence avant de sortir de la haute salle dans un silence ahurissant... on ne le revit plus jamais....
Le comte s’enfuit à toutes jambes et s’enferma dans la plus haute tour du château....
Mais la comtesse si magnanime et qui depuis longtemps avait pardonné à son époux ne l’entendait pas ainsi.... Elle monta et gratta doucement à la porte... Le comte ne répondit pas mais elle ..., d’une voix douce :
- Mon seigneur, ne soyez pas en peine, ouvrez moi.. de vous, rien ne me dégoûte.. N’ayez pas de honte... moi je ne vois que votre coeur et je sais maintenant qu’il s’est ouvert à la compassion....
- Non belle amie, votre pitié me transperce le coeur, je suis un miserable... je préfère encore murir que de sentir votre regard de bonté sur moi ! Laissez moi
- Je vous laisse mon ami, mais je ne vous abandonne pas.
Et la dame de Font caude reprit l’administration du domaine... Tous les jours, elle montait l’étroit escalier pour parler à son époux. Peu à peu, elle lui apprit à accepter son sort, son apparence, elle obtint qu’il ouvre la porte, qu’il consente à la voir, à se promener sur le chemin de ronde.
Peu à peu le comte appris à prendre du plaisir aux choses simples et... et il retomba amoureux de son épouse...
Bientôt ce fut merveille de les voir vivre si sereinement ce nouvel amour... La dame sous le regard aimant de son époux devint plus heureuse qu’elle ne l’avait été aux temps de sa jeunesse... et son époux qui trouvait que la comtese était un véritable trésor se mit à prendre une tournure toute fringante...
Ainsi l’une était heureuse et l’autre était enfin sage et avisé... alors ils décidérent de faire graver sur le linteau de la porte du château « Du mal est né le bien, et de la laideur, la beauté. »
Aujourd’hui si vous passez un jour à Fontcaude, peut être si vous avez le coeur pur, y trouverez-vous, parmi les ruines et les ronces, la seule arche qui reste encore debout et vous y lirez gravé : « Qui se tourne vers le mal verra le mal se retourner contre lui. »
Kirikiki, le conte est fini....